Stéphanie Majoral

Stéphanie MajoraI articule son travail autour de la question du statut de l'image et d'un de ses corollaires le point de vue, au travers de formes aussi diverses que le dessin, la photographie, la cartographie ou l'installation. En travaillant sur des notions comme le hors champ, l'image spéculaire, l'image voilée, oblitérée, Stéphanie MajoraI nous emmène ailleurs, dans des environnements fictifs, mis en scène, où la vision est comme suspendue au mouvement. La promenade, le parcours, la déambulation, ne sont pas ici des décisions de l'esprit, mais la suite naturelle et la maturation d'une vision.

Stéphanie MajoraI collecte des images, qu'il s'agisse de lieux communs du paysage, ou d'images extraites de la littérature ou de la peinture. De cette collecte, accumulation minutieuse et quasi obsessionnelle, l'artiste extrait une image qui par une mise en scène simple se voile, s'oblitère, parfois jusqu'à la limite de la visibilité.

/.../ Ces oeuvres requièrent une contemplation active, une participation créatrice, à l'instar de À la lisière (1999), où le sujet reconstruit litéralement le paysage, où le vide devient présence. Il y a chez Stéphanie MajoraI un refus obstiné de produire des images décisives et définitives.

Ce jeu entre la multitude et le détail, le tout et son fragment , revient d'une manière si récurrente chez Stéphanie MajoraI que l'on peut s'interroger. La lecture du Petit Robert nous apporte un éclairage intéressant sur cette notion du fragment. Je cite « fragment : morceau d'un objet brisé. » Brisé... brisé comme un miroir en mille et un morceaux, briser l'image réfléchissante pour qu'elle devienne opaque. S'attacher au morceau brisé, c'est désirer voir à travers l'opacité, et refuser de voir à travers la transparence. Stéphanie MajoraI convoque l'image pour mieux la mettre en doute. Une manière toute personnelle de réinterpréter l'idée du trompe l'oeil...

Les jeux de glissements et de reflets entre les pièces de Stéphanie Majoral sont multiples, jeu de miroir où le détail d'une pièce sera repris, décliné, pour donner naissance à une autre pièce, une autre forme. Extraire un fragment de ce qui en soi est déjà un fragment. Aller au plus petit, dévoiler l'inframince, et pour cela utiliser des grands formats. Apparente contradiction que l'oeuvre de Rothko éclaire : le format n'écrase jamais le spectateur, il est un moyen de l'embrasser (à comprendre ici au sens littéral du mot "prendre dans ses bras"), de créer une proximité visuelle par immersion du regard.

Ce qui frappe chez Stéphanie MajoraI, c'est la persistance et la cohérence interne de son travail, sa rigoureuse unité : tout se répond dans un mouvement qui se résoud en une identité : nous nous voyons regarder.

Sandra Patron, 2002 (extrait)

1 Michel Foucault Surveiller et punir 2 Verlaine Poèmes saturniens


«To who belong the watching eyes ? Normally, one thinks that the me, is someone who looks out onto the balcony with his own eyes, the way one looks out a window and sees the world sprawled out in all its magnitude.
Thus, there is a window open on the world. beyond that, there is the world. And before that ? Always the world : what else could there possibly be ? (...) Still the world, which on this occasion has doubled itself into a world which watches and a world which is watched..»
Italo Calvino, excerpt from Palomar, Éditions du Seuil Coming out of a method confronting photography, my work has developed through installations, and the creation of situations around the image -drawn or photographed- at the scale of the wall. Retaining the idea that it is also "the spectator who makes the work", these installations implicitly take into account their physical and visual relation to the spectator and the wall space they inscribe themselves into "intimately" or "architecturally".
It is in this way that the poetic aspects suggested by the different levels of interpretation, proposed by most of the works in a non-Euclidean perspective, can rise to the surface, . So many ways of looking at landscape, a "camera lucida ", a "traveler in the map", a portrait, the reconstitution of a constellation, a window in an oversized eye...A latent image will become tangible to the liking of the spectator's gaze by the intimate relation that the latter will be able to establish with the work.

Stéphanie Majoral, in the Fictionary catalog, Triangle - France, 2000

http://www.documentsdartistes.org/artistes/majoral/

#020 - Black Narcisse, 2014

STÉPHANIE MAJORAL

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