In fine fait écart dans l'oeuvre d'Élodie Huet. Car c'est la première fois qu'elle donne à voir explicitement, entomologiquement, presque, son interrogation métaphysique.

In Fine est une installation figurative, modulaire et changeante, constituée de mille cinq cents volumes de deux cent quatre vingt huit pages chacun et reconstruisant, tous ensemble, un puzzle photographique du ciel. Du ciel entier, c'est à dire, métaphoriquement, de tout l'Univers, qui nous enveloppe dans sa sphère apparente, mais étalé là, projeté, comme jeté au sol. Et de fait, via In Fine, notre regard, pour une fois, se penche sur le cosmos et son énigme.

Ce qui surprend immédiatement, dans l'installation d'Élodie, c'est son silence absolu, pascalien. L'astronomie, depuis quelques décennies, et par l'entremise des grands instituts scientifiques internationaux, est bavarde. Chaque image du ciel doit être comme qui dirait rentable, exhibée, expliquée, interprétée, sur-interprétée, hélas, aussi, souvent. Ici, non.

In Fine semble nous interpeller, « alors, quoi ? ». Alors, rien. Dans l'installation d'Élodie Huet, qui évoque irrésistiblement Borges et sa Bibliothèque de Babel ou Queneau et ses cent milliards de poèmes, quelque dix millions d'étoiles nous contemplent, mais ne nous disent rien. Leur nombre, vertigineux, hypnotique, comme les confettis de Permanent Vacation, est absurde, vaguement inquiétant, même.

Avec cette oeuvre, au nom qui sonne comme un manifeste, Élodie Huet interroge le monde. Mais la nature est indifférente à la quête métaphysique de l'humanité, il est probable que les questions universelles d'Élodie resteront perpétuellement posées, et In Fine, ce miroir obscur posé sur le sol, éternellement silencieux.

Serge Brunier

Elodie Huet est représentée par la galerie Archiraar à Bruxelles

http://archiraar.com/elodie-huet

Site de l'artiste: http://www.elodiehuet.com