NG montre le chemin, vers l'avant, d'une autre connaissance, ou plutôt d'une inconnaissance. Le monde est inconnu. L'humain est inconnu. Tout est à inventer, une seconde fois, et cette inconnaissance du monde pourrait bien en être aussi la clef.'

Rémi Marie - Vienne/Oslo 2013


site de l'artiste: http://ngng-news.blogspot.fr/ NG is showing us the way forward, towards another knowledge or a 'none-knowledge'. The world is unknown. Man is unknown. Everything is to be invented, for a second time, and the none-knowledge may well be the key.

Rémi Marie - Vienne/Oslo 2013

Le CAIRN, centre d'art contemporain de la ville de Digne, accueille du 16 octobre au 15 décembre 2013 l'exposition personnelle de NG : FREE SOLO.

L'exposition présente tout d'abord la vidéo FREE SOLO, une œuvre commandée par le CAIRN Centre d'art où l'on voit l'artiste NG escaladant une falaise du Verdon parfaitement verticale dans une ascension infinie et variée. La mise en scène opte pour un plan moyen sur la grimpeuse et le rocher. Le public est invité à s'asseoir et même à s'allonger sur la grande plateforme pour suivre de façon plus intime la projection. Possédant différents niveaux de lecture, cette vidéo de NG est aussi un hommage rendu aux grimpeurs morts en pratiquant l'escalade en solo intégral (en anglais « free solo »).
Ce principe, définissant l'escalade sans matériel de sécurité, fait partie des pratiques de l'alpinisme depuis ses origines. Au début du XX° siècle, le célèbre grimpeur Paul Preuss escaladait déjà sans corde de longues voies de cinquième degré dans les Alpes orientales (il se tua en 1913 en chutant de 300 mètres). Le « free solo » est devenu courant avec le développement de l'escalade libre dans les années 1970 ; et a été médiatisé au début des années 1980 avec les solos de Patrick Edlinger dans le Verdon. Entre autres choses, bien qu'il ne s'agisse pas d'un exploit, cette vidéo de NG interroge aussi la prise de risque liée à la performance des années 1970 et le mythe de la liberté de ces années-là.

« L'escalade de cette falaise verticale - à l'époque la sécurité du grimpeur était pour le moins aléatoire, les points d'assurance très rares et précaires - était bien, dans ces années là, une performance totale, dans laquelle un bon nombre de grimpeurs ont laissé leur vie. Réaliser cette vidéo est, pour moi aussi, comme beaucoup de mes projets, une performance. Le sens de ce projet est aussi d'interroger le sens de la performance artistique en la confrontant à ces performances sans public et sans traces [ … ] Comme dans ma vidéo Limits of paradise, je suis pour ma part à la recherche d'un certain degré d'abstraction. Il me faudra pour cela parvenir à dévêtir ces images des années 80 de ce que Bernard Vaucher appelle leur idéologie. Il n'y aura pas de message, pas de lecture évidente, pas d'explication. Ce que je veux proposer c'est une énigme. Un petit personnage grimpe, animal-humain perdu dans l'immensité de la falaise. Il n'y a ni base ni sommet, la vidéo (en boucle) le montre grimpant sans cesse, comme un ballet vertical dont le chorégraphe serait le rocher lui-même qui dicte les gestes. Il y a quelque chose de sisyphéen dans cette danse… » (NG)

« S'il était possible de résumer en quelques mots le projet artistique de NG, il faudrait dire simplement que son projet est d'être libre. [ … ] Trois ruptures fondatrices. Se libérer des logiques du capital symbolique (ne pas avoir de nom), se libérer des routines du confort (ne pas avoir de maison), se libérer des servitudes du salariat (ne pas travailler).
Autant de gestes radicaux quisupposent des choix difficiles. Ne pas avoir de famille, par exemple. Mais qui imposent surtout d'inventer une économie personnelle nouvelle.
NG ne milite pas pour une révolution à prétention universelle, mais elle en fait sans concession l'expérience immédiate, sans prétendre montrer la voie ou faire exemple. Pour vivre libre NG se met en danger. Elle explore les limites : de ses capacités (alpinisme), de sa résistance (jeûne), de la vie collective (résidences). Pour vivre libre elle doit inventer et développer des stratégies de survie. [ … ] NG invente un nomadisme radicalement nouveau. A l'ère de la globalisation numérique elle incarne une autre pratique du monde. A l'opposé du tourisme, des vacances et de l'affairisme : une pratique poétique du monde.» (NG, pratique du monde, extraits du catalogue d'exposition
FREE SOLO, texte de Maria Wutz, avril 2011)

« NG est apparue à la fin des année 90 sur la scène artistique parisienne. [ … ] Personnage venu de nulle part dont le passé a été effacé pour ne se réduire qu'à ces deux initiales sans poids (N et G), [ … ] Performative, NG est et dit ce qu'elle fait. [ … ] NG qui, cherchant sa voix à travers celle des autres, cherche à comprendre et accepter le monde qui l'entoure. Pour se faire, elle adopte toutes sortes de configurations mentales et physiques, en se choisissant comme terrain d'expérimentation. [ … ] Free Solo (2010-2013) est aussi affaire de masse moins théoriques, cette fois-ci, puisqu'il s'agit des gorges du Verdon, connues pour leur parfaite verticalité, qui tombent à pic et de leur corollaire, le vide. Le défi semble en fait du même ordre dans cette vidéo en boucle. La falaise est impressionnante, mais l'ascension elle-même peu spectaculaire : NG progresse doucement, les plans sont larges et n'essaient pas de dynamiser une progression lente par essence et sans prouesse. La démesure physique ou conceptuelle et les armes, à priori dérisoire, avec lesquelles elle livre son combat où elle affronte, le plus souvent seule, l'immensité et le vide - depuis les toits de Manhattan en passant par la Chine jusqu'aux gorges du Verdon - produisent des ruptures d'échelle vertigineuses à même de nous faire éprouver cette vacuité. » (Une île, un chant, extraits du catalogue d'exposition FREE SOLO,
texte de Sandra Cattini, juillet 2013)

« [ … ] en 1999 déjà, NG disait « I'm looking for a place where things happen » : une place, un lieu, position exacte qui donnerait sens au monde, à l'architecture, à l'être, au corps, à la pensée. [ … ] Dans la dernière pièce vidéo, Free Solo, il ne se passe rien, ou presque rien.
Du premier coup d'œil on identifie le genre, film d'escalade sur paroi verticale. Les images de La vie au bout des doigts, ou encore d'Opera vertical, tournées sur le même site avec Patrick Edlinger en 1982, nous reviennent en mémoire. Pourtant, dans ce dispositif bien rôdé, quelque chose ne fonctionne pas. Quelque chose manque. Le personnage est trop loin, perdu dans le paysage. Il grimpe, oui, mais à peine. Le suspens est tout à fait absent de ce film sans commencement ni fin. L'effet est manqué, et, de toute évidence la pièce est construite sur ce manque. Il ne se passe rien et le temps lui-même ne passe pas. Il saute, certes, mais ne passe pas. La lumière change, les collines se couvrent d'or puis s'éteignent, puis reverdissent, sans effet apparent sur le personnage qui poursuit son ascension tranquille. Que se passe-t-il quand il ne se passe rien ? C'est ici justement que la question devient intéressante. Je veux montrer le vide du vide –dit NG– je veux montrer le vide au carré. »
(Un lieu où ça se passe, extraits du catalogue d'exposition FREE SOLO,
texte de Rémi Marie, juillet 2013)

#028 - Free Solo, 2014

NG

Catalogue / livre / Manifeste retraçant 15 ans de recherches, voyages, aventures.

Catalogue / book / Manifesto retracing 15 years of research, travel, adventures.

Textes / Texts : Sandra Cattini, Paul Devautour, Rémi Marie.

192 pages

Français / Anglais
English / French

Production: LE CAIRN Centre d'art,
Digne-les-Bains - France


28 €

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